4 Mai 2020
Après quelques jours consacrés au festival, reprenons le court des courts avec J’ai froid, j’ai faim de Chantal Akerman, 1984, 13 min.
La cinéaste belge l’a réalisé dans le cadre du film à sketches « Paris vu par … 20 ans après », inspiré du projet « Paris vu par… » sorti en 1965 et qui réunissait les courts métrages de six réalisateurs de la Nouvelle Vague. Voyez comme Akerman s’amuse à retrouver le ton de la Nouvelle Vague tout en produisant un film sur une jeunesse intemporelle comme le suggère son beau leitmotiv : j’ai faim rappelant l’appétit de la jeunesse, de nourriture mais aussi d’aventures et de découvertes et j’ai froid suggérant la précarité de toutes les jeunesses de toutes les époques…
L’image n’est pas de grande qualité, je m’en excuse, mais le film est si beau …
La Reprise du travail aux usines Wonder, réalisation collective, 1968, 10min.
Filmé par des étudiants de l’IDHEC, école de cinéma elle-même alors en grève, le film suit la reprise du travail à l’usine de Saint-Ouen après les accords de Grenelle signés en juin 1968 par les syndicats, le patronat et le gouvernement. Ce moment bouleversant, incarné par cette femme désespérée à la voix qui s’étrangle de rage, devient le symbole de la lutte de tous les travailleurs opprimés, maltraités, ignorés, exploités passés, présents et à venir. Il exprime toute la puissance et l’évidence du cinéma, art indispensable : un regard personnel et perçant pour révéler le monde qui nous entoure.
Un film d’animation pour colorier cet étrange samedi qui ressemble à un vendredi férié ou peut être à un dimanche ;-) : Le loup blanc, Pierre-Luc Granjon, 2007, 8 min.
Il est réalisé en papier découpé et recourt à de belles trouvailles comme les yeux en formes de croix x pour figurer la mort. Notez aussi le beau travail sur la lumière et la profondeur de champ dans les extérieurs et laissez-vous emmener par ce beau film un peu triste (mais juste un peu) sur la fin de l’enfance.
J’entends nombre d’entre vous réclamer à grands cris d’autres films expérimentaux. Et bien arrêtez de crier et soyez exaucés : voici Free radicals de Len Lye, 4 min, entamé en 1958 et terminé en 1979 (rassurez-vous, il a fait d’autres choses entre temps). Le réalisateur a créé le film en grattant directement la pellicule, technique que vous maîtrisez bien maintenant ;-) ... Les « formes en mouvement » qui en résultent sont accompagnées par une musique de la tribu Barma du Tchad. C’est aussi ça le cinéma : créer du mouvement et du rythme. Non ?